samedi 16 juillet 2011

LE FRANÇAIS QUI A SAUVÉ CHRYSLER

Olivier François, avec l’aide d’Eminem, a fait repartir les ventes de la marque.

Le voilà en passe de rééditer aux Etats-Unis l’exploit de Carlos Ghosn au Japon. Quand, en octobre 2009, Olivier François s’installe dans son fauteuil de P-DG de Chrysler, à Auburn Hills dans le Michigan, la marque est en état de mort clinique. Petit dernier des « Big Three » derrière General Motors et Ford, le groupe vient de déposer le bilan – une première pour un grand constructeur américain. Nissan n’en était pas là quand Renault l’a racheté en 1999. Aujourd’hui contrôlé par Fiat, le constructeur américain vient de renouer avec les bénéfices (116 millions de dollars au premier trimestre 2011, une première depuis 2006) et de rembourser les 6,6 milliards de dollars de prêts publics accordés par le président Obama. L’artisan de ce succès, c’est Sergio Marchionne, l’Italien patron du groupe Fiat. Mais l’homme qui le met en musique, c’est Olivier François, qui cumule de nombreuses fonctions au sein du groupe, dont celle de directeur marketing.

SEIZE NOUVEAUX MODÈLES

Né à Paris voilà quarante-neuf ans, il a du mal à trouver ses mots quand il parle la langue de Molière, qu’il ne pratique plus guère. « On ne m’a jamais reproché ma nationalité mais, lorsque je suis arrivé à Auburn Hills, avec une vingtaine de “Fiat boys”, les employés nous regardaient comme si on débarquait de la planète Mars », sourit-il. Comme le rachat de Nissan par Renault, l’acquisition de Chrysler par Fiat a suscité du scepticisme. Dans les années 90, le constructeur américain avait été repris par l’allemand Daimler-Benz, avant d’être revendu à perte. « Mais, contrairement au propriétaire de Mercedes, nous savons produire de ­petites et moyennes voitures, qui manquent dans la gamme Chrysler. Et nous ne nous sommes pas ­comportés en conquérants. Nous avons juste voulu rallumer le feu sacré de cette boîte, comme nous l’avions fait en 2004 avec Fiat, qui allait très mal. »

Depuis début 2010, Olivier François a lancé 16 nouveaux modèles, fait le ménage chez ses concessionnaires et recouru à un marketing agressif. Autrefois, il ressuscita Lancia grâce à Carla Bruni. Il l’avait convaincue de devenir l’égérie de la marque, ce qui ne fut pas aisé, car l’idée était inédite. « Mais nos valeurs de luxe écolo et accessible à tous étaient conformes à sa vision des choses. » Pour relancer Chrysler, il a fait appel au chanteur Eminem, l’enfant de Detroit, berceau de l’automobile américaine, aujourd’hui sinistré. Dans le spot de pub, le rappeur vante les qualités de la métropole. La campagne fait un carton : en six mois, les ventes ont bondi de 21 %. Comme Carlos Ghosn, Olivier François passe sa vie dans les avions. Il partage son temps entre Auburn Hills et Turin. Le week-end, il enchaîne les réunions avec Sergio Marchionne. Ses enfants, qui habitent à Milan, il les voit deux fois par mois, au mieux. Comment gère-t-il cet emploi du temps fou ? « C’est simple, je dors moins de cinq heures par nuit. Et je suis divorcé. Heureusement ! »

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Economie/Actu/Le-Francais-qui-a-sauve-Chrysler-313441/

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