mercredi 2 avril 2008

Voyage cybernétique dans la Nouvelle-France

LE MONDE | 31.03.08

C'était un immense territoire, qui s'étendait du Canada jusqu'à la Louisiane, des rives du Saint-Laurent jusqu'au Mississippi. On l'appelait la Nouvelle-France. Tout savoir, tout comprendre de ce pan d'histoire est désormais à portée de clic : des archivistes de France et du Canada ont numérisé plus d'un million de pages manuscrites ainsi que quantité de cartes, plans, portraits ou gravures, consultables sur un même site.


L'un des plus vieux documents, du XVIe siècle, est la "Lettre patente du roi François 1er nommant Jacques Cartier capitaine général de l'expédition destinée au Canada". Elle est suivie, trois jours plus tard, d'une autre "pour faire remettre cinquante prisonniers à Jacques Cartier". Ce navigateur malouin prit possession du Canada à Gaspé, au nom du roi, en juillet 1534, avant de remonter le Saint-Laurent lors d'autres voyages. Mais le véritable "père de la Nouvelle-France", celui qui a réussi à fixer durablement une colonie française en Amérique, est plutôt Samuel de Champlain. L'année 2008 est d'ailleurs celle du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, marqué de nombreux événements de part et d'autre de l'Atlantique, par ce Saintongeais originaire de Brouage (Charente-Maritime). Un formidable navigateur, explorateur et diplomate, qui fut aussi commerçant, cartographe, écrivain et soldat. Il garde sa part de mystère : tous les portraits connus de lui sont des faux.


"CASTORS GRAS, CASTORS SECS"

Ces documents, qui vont un peu au-delà de la fin de la Nouvelle-France (le traité de Paris de 1763 reconnut la domination britannique sur tout le Canada), ont d'abord été inventoriés. "Leur numérisation à partir de 1995 a été un travail humain colossal", souligne l'historienne Raymonde Litalien qui fut, de 1975 à 2005, la représentante à Paris des Archives du Canada, principalement occupée à ce projet né d'un accord franco-canadien. Il a impliqué les fonds d'amirautés (remplacés après la Révolution par les tribunaux de commerce), les fonds de notaires et les archives de Paris, La Rochelle, Bordeaux, Pau, Aix-en-Provence, Ottawa et Québec, en attendant celles de Caen et de Rouen.

On se balade du poème Adieu à la France de Marc Lescarbot, en 1612, au procès-verbal d'une perquisition effectuée en 1700 dans le grenier de la veuve Lachasse près de Montréal, ou à une saisie faite "sur un homme et une femme de nation iroquoise" de paquets de "castors gras, castors secs, peaux de chevreuil et peaux d'ours" en 1720, en passant par la correspondance officielle entre la colonie et la métropole. Une "exposition" cybernétique propose une sélection de 350 documents, classés par thèmes.


Site Internet : archivescanadafrance.org.

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